Mode éthique : pourquoi j’ai arrêté d’acheter chez H&M, Zara et Mango ?

Avant, j’avais l’habitude de faire du shopping en tenant compte principalement du prix et du style des vêtements. Je marchais au coup de cœur et suivais les tendances mode sans vraiment réfléchir aux conséquences de ces achats.

Mais ça, c’était avant. Avant que je comprenne ce qui se cache réellement derrière les robes à 20€. Avant que je me prenne conscience du problème avec la mode éphémère ou fast-fashion et de son impact désastreux sur les travailleurs, l’environnement et la santé.

Depuis, je choisis de consommer la mode différemment et de faire des achats responsables, car en tant que consommatrice je peux choisir de faire partie du problème ou de la solution. Dans ce billet, je vous explique pourquoi j’ai arrêté d’acheter chez H&M, Zara, Mango, Topshop et compagnie.

C’est quoi la mode éphémère ou la fast fashion ?

Si vous vous souvenez, dix ans en arrière, il n’y avait que deux saisons « mode » par an : Printemps/Été et Automne/Hiver. Depuis, la situation a bien changé. Si vous vous rendez dans un magasin aujourd’hui et que vous y retournez dans une semaine, vous constaterez que de nombreux produits ont disparu pour faire place à une nouvelle collection. Ce petite manège recommence chaque semaine.

C’est ça la mode éphémère. Enfin, plutôt c’est la partie émergée de l’iceberg.

Les géants de la fast-fashion s’inspirent (ou copient) les dernières tendances vues sur les défilés, influenceurs et petits créateurs pour produire des vêtements de moins bonne qualité, en grandes quantités et à des prix toujours plus compétitifs. Leur objectif à grand coup de campagnes publicitaires est de nous convaincre que nos « vieux » vêtements sont démodés pour nous maintenir dans une frénésie d’achat avec des nouvelles collections et des promotions toute l’année. Il faut bien comprendre que l’ambition de ces entreprises n’est pas de fabriquer des produits durables, mais de vendre plus pour augmenter les bénéfices et rendre leurs actionnaires heureux. Voilà pourquoi on parle également de « mode jetable ».

Comment fait-on pour vendre plus et gagner plus de soussous ? On mise sur la quantité et une main d’œuvre bon marché, au détriment de la qualité, l’environnement et du bien-être des employés.

Problème n°1 : il y a un coût humain à cette mode bon marché.

Comment est-ce possible que les vêtements sont de moins en moins chers ? Parce que la façon dont ils sont fabriqués a radicalement changé : 97% des vêtements dans le commerce sont fabriqués dans des pays en voie de développement (Bangladesh, Chine, Thaïlande…) où les ouvriers sont contraints de travailler de longueurs heures dans des conditions dangereuses et pour un salaire dérisoire.

Les grosses entreprises de la mode ont l’avantage et négocient les coûts de production au plus bas avec les ateliers d’exploitation. Qui dit « coûts bas », dit « salaires misérables et conditions de travail épouvantables pour les ouvriers ». Ou plutôt pour les ouvrières, car la mode est le premier employeur de femmes dans le monde. Un employeur peu scrupuleux qui ferme les yeux sur le harcèlement sexuel et le travail des enfants, refuse le droit au congé maternité, interdit la création de syndicats et contraint ses employés à travailler dans des immeubles dangereux et au contact de produits chimiques nocifs. Tout ça pour des cacahuètes.

Vous vous souvenez de la tragédie du Rana Plaza au Bangladesh ? Cette usine textile de 8 étages qui s’est effondré tuant plus de mille personnes, des ouvriers qui ne gagnaient pas plus de 2 euros par jour. L’année qui a suivi cette catastrophe fut la plus rentable de tous les temps pour l’industrie textile…

Problème n°2 : la mode jetable est aussi une catastrophe pour l’environnement.

Oui, parce que bon protéger la nature, préserver la biodiversité et sauver nos océans, c’est pas important hein ? La mode jetable a des conséquences dramatiques sur la planète :

  • Les déchets textiles enterrés en décharge prennent de la place et contaminent le sol des produits chimiques qu’ils contiennent.
  • Tandis que ceux incinérés dégagent des gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique.
  • Le polyester, nylon et élasthanne sont des matières synthétiques produites à partir de pétrole et ne sont pas biodégradables.

Trop de vêtements sont fabriqués, plus que nous n’en aurions jamais besoin. Avec des prix très bas, la durée de vie raccourcie des articles et des nouvelles collections qui démodent les précédentes en un clin d’œil, il n’y a jamais eu autant de vêtements jetés à la poubelle.

La gestion de ces déchets textiles n’est pas le seul problème pour l’environnement. La mode est la 2ᵉ industrie industrie la plus polluante au monde après le pétrole avec une pléthore de produits chimiques et d’eau utilisés pour traiter, teindre et même faire pousser les textiles utilisés pour la confection des vêtements. D’ailleurs toutes ces substances toxiques ne disparaissent pas quand nous les achetons… Lorsque les vêtements sont lavés, enterrés dans les décharges ou incinérés, ces produits chimiques sont libérés dans la nature, et polluent les écosystèmes environnants et les océans.

Chaque année, 5,8 millions de tonnes de tissu sont jetés en Europe, mais seulement 25% sont recyclés : le reste est enterré ou brûlé.

Problème n°3 : les vêtements sont imbibés de substances dangereuses pour la santé.

Saviez-vous que la plupart des vêtements vendus par les grosses entreprises sont imbibés de produits chimiques dangereux pour la santé et l’environnement ? Peut-être qu’en ce moment-même, vous avez contre la peau – le plus grand organe du corps humaine – des pesticides ou herbicides qui ont servi à fabriquer les habits que vous portez. Ces molécules chimiques peuvent provoquer des irritations et allergies, et perturber l’organisme de façons dont nous n’avons pas encore pleinement idée.

À quoi ça rime tout ça ?

Des études psychologiques ont prouvé que plus nous sommes focalisés sur des valeurs matérialistes (les vêtements et possessions en tout genre, l’image et le statut social que cela renvoie), moins nous sommes heureux. Pourtant, la publicité tente de nous convaincre du contraire : « Achetez ce produit, il va résoudre tous vos problèmes et vous rendre heureuxse ».

On continue d’acheter pour rester dans cette course utopique vers le bonheur. Parce qu’au début ça marche un petit peu, ça comble un manque. Mais, il en faut toujours plus comme une drogue. Chercher une solution extérieure à un problème intérieur ne peut pas marcher.

Ce que nous possédons ne définit pas qui nous sommes. Vous n’aurez pas la même vie que votre instragrameuse préférée si vous achetez les vêtement qu’elle a été missionnée de vendre. Vous n’allez pas travailler sur vos croyances limitantes et vous réconcilier avec la petite voie dans votre tête en vous soumettant au regard des autres et au diktat de la mode : « Si je m’habille de cette façon, je vais donner l’impression d’être quelqu’un d’important / compétent / puissant. », « Qu’est-ce que les gens vont penser si je sors habillé⋅e comme ça ? », « Je ne peux pas me montrer avec ce truc complètement démodé. ».

L’illusion de faire des économies

J’ai dû dépenser une petite fortune en fringues tendances et bon marché. Mais d’un point de vue mathématique, ça n’a aucun sens. Oui, j’avais une grande collections de robes mignonnettes pas chères à l’unité. Mais, à la place pour autant voire moins, j’aurais pu investir dans des alternatives éthiques, durable et toutes aussi jolies. L’argent que je croyais économiser, c’est en réalité des moyens en moins pour payer convenablement les travailleurs, utiliser des tissus de qualité et sains, et respecter la nature.

Maintenant, je préfère acheter moins mais mieux et privilégie la qualité et l’éthique à la quantité et les tendances. Par exemple, au lieu d’acheter plusieurs pulls à 30€ chacun (qui ont de grandes chances de se déformer au 2ème lavage), j’investis dans un pull de meilleure qualité, durable et issu d’une marque éthique (ou je trouve le même modèle d’occasion pour moins cher !).

L’ironie de l’histoire, c’est que certaines marques de fast fashion pratiquent des tarifs similaires voire plus élevés que des entreprises engagées pour une mode éthique. Comme quoi, consommer de manière responsable et s’engager pour un monde meilleur ne veut pas forcément dire dépenser plus.

En plus, il paraît que nous ne portons réellement que 10% de sa garde-robe, le reste prend la poussière dans les placards. Ça fait réfléchir non ? Est-ce qu’on a vraiment besoin de tous ces vêtements ?

Les petits ruisseaux font les grandes rivières

Je le disais en début d’article ; j’ai décidé de consommer autrement, car je suis convaincue que chacun d’entre nous peut faire sa part et aider à changer les choses. Nous faisons partie du problème, nous pouvons faire partie de la solution.

À mon échelle, j’étais responsable de l’essor et de l’impact négatif de la fast fashion. Choisir de ne plus acheter chez Mango, Zara, H&M et Cie contribue à changer la situation.

Vous aussi, vous avez ce grand pouvoir entre vos mains (ou plutôt dans votre portefeuille). Vous n’avez peut-être pas l’impression d’avoir une influence directe en achetant un produit d’une marque éthique, mais l’impact que vous créez est plus global. Qu’est-ce qui se passerait pour ces grosses entreprises si 5%, 10% ou 20% des consommateurs arrêtaient d’acheter leurs produits ?

Si le sujet vous intéresse, je vous recommande chaudement le documentaire The True Cost qui se penche sur la demande croissante pour des vêtements bon marché et les conditions de vie effroyables des gens qui les fabriquent.

J’espère que cet article vous donnera des pistes de réflexions constructives et envie de repenser votre façon de consommer la mode. Je sais que ce n’est pas toujours facile de se lancer, alors je vous raconte dans un autre article comment j’ai changé mes habitudes pour mieux consommer la mode 🙂

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4 Commentaires

  1. Bonjour
    Quelles sont les marques éthiques dont tu parles ?
    Comment savoir si une marque est éthique ou non ? Et si oui, si elle l’est réellement ?
    Merci